Rencontrer Caroline Sauvage, c'est d'abord réaliser
que l'image de la cantatrice plantureuse a vécu. il
est évident que je n'ai pas la stature d'une grande
cantatrice wagnérienne, sourit la fluette jeune femme
tout juste trentenaire. Mais cela ne m'empêche pas d'être
très à l'aise dans le répertoire rossinien
ou mozartien. Aujourd'hui, il y a sa plus en plus de petit
bouts de femme qui arrivent à donner de la voix...
C'est par le piano que Caroline aborde, à huit ans,
la musique. Six ans plus tard, toute sa famille déménage
de Verviers à Bruxelles, pour qu'elle puisse suivre
les cours d'un maître russe. Ma sœur n'était
pas ravie, se souvient-elle. A quinze ans, elle arrête
l'école, pour se consacrer entièrement à
son instrument. Mais je n'était pas épanouie
avec le piano, reconnaît-elle. J'étais une
jeune fille introvertie, crispée. Ma maman m'a alors
proposé de suivre un cours de chant. Au début,
les résultats sont maigres. Ma voix était
cachée par mille tentions et par la nervosité.
Je n'avais aucune conscience de mon corps, il restait un
bloc. Or le corps, c'est la Voix Chanter, ce n'est pas uniquement
ouvrir la bouche et souffler ! c'est utiliser tout son corps.
Commencer alors un long travail sur elle-même, qui
passe par des cours de relaxation. Il s'agit d'une discipline
qui apprend à se relâcher, à être
en harmonie avec soi, à avoir le bon tonus, détaille
la chanteuse. Grâce au chant et à cette méthode
je me suis ouverte. Je suis plus sûre, plus affirmés.
Ça a transformer ma vie.
Diplômée en art lyrique du conservatoire royal
de Bruxelles, Caroline Sauvage n'en continue pas moins se
produire sur les scènes belges et étrangères,
mais aussi, et surtout, pour pouvoir apporter encore plus
à ses élèves.
Enseigner, c'est là ce qu'elle préfère.
Son rêve le plus cher, c'était d'ailleurs d'ouvrir
sa propre école. J'ai travaillé dans différentes
écoles. Chaque fois, je me sentais frustrée
d'être dirigée, de ne pas pouvoir adapter ma
méthode comme je l'entendais. Le rêve est devenu
réalité tout récemment :" La Voix
d'Or" vient de voir le jour dans une arrière-maison
de la place Fernand Cocq à Ixelles. Dans un bâtiment
sans doute prédestiné puisqu'il abritait jadis
les écuries de l'hôtel particulier qu'occupait
la Malibrann la célèbre cantatrice du XIXème
siècle, avec son amant, le grand violoniste Charles
de Bériot, Hôtel qui n'est autre que l'actuelle
maison communale d'Ixelles... J'ai tout de suite été
séduite par cet endroit, confie la chanteuse.
Outre des leçons de chant, "la Voix d'Or"
dispense des cours de piano, de solfège, de comédie
musicale et de théâtre. Pour grands et petits.
J'aime travailler avec les enfants, confesse Caroline. Ils
ont une voix placée plus naturellement que les adultes.
Un jour, si j'en ai la possibilité, j'aimerais d'ailleurs
m'investir auprès des enfants malheureux, défavorisés.
Leurs proposer des animations auxquelles ils n'ont pas accès.
L'école organise encore un cours de "relaxothérapie
par la voix" c'est une invention a moi, inspirée
de l'eutonie, confie Caroline. c'est une façon différente
de se déstresser, de lâcher prise, d'oublier
la vie de tous les jours. On y apprend à prendre
conscience de son corps, à bien respirer, à
mieux poser et utiliser sa voix. La voix, c'est de la souplesse,
et on ne l'attrape que si on travaille le corps à
côté de la voix.
Chez les Sauvages, les rêves deviennent réalité.
Le rêve de sa maman
Dentiste à Verviers, la maman de Caroline Sauvage
se confia pendant sa grossesse à l'un de ses patients.
Un jour, elle lui a dit qu'elle rêvait que la petite
fille qu'elle attendait devienne chanteuse, confie Caroline.
L'homme - qui n'était autres que Guy Philippe Luypaerts,
le directeur du Conservatoire de Verviers - lui répondit
qu'il avait lui-même une fille, Claudine, qui tentait
de se lancer, vaille que vaille, dans la chanson, C'était
Maurane...
Caroline pensa d'abord devenir pianiste, avant d'attraper
le virus du chant et de la scène. Un virus qu'elle
assimile à une libération.
Fabienne Defrance
- Le soir